Ne cherchez pas sur Google Maps : la ville de Rosigny n’existe pas. Néanmoins, seul le nom est fictif. Car Rosigny est un agrégat de nombreuses communes de la région parisienne, subissant les affres des politiques de la ville dans la perspective des Jeux Olympiques. Le nom est fictif donc, mais le propos est bien réel et d’actualité. Dans Rosigny Zoo, on suit une bande d’amis, de tout âge, en lutte permanente pour conserver un tout petit bout de leur « zoo ». Finalement, ce terme choisi est loin d’être anodin, puisque le zoo rassemble des espèces sauvages dans un espace clos.

Vous fabriquez des villes sans s’intéresser à ceux qui y vivent.

Car la bande a décidé de rester sauvage, non domestiquée et en opposition face aux plans et aux projets d’urbanisme de leur ville. Et leur façon de lutter, c’est plus particulièrement à travers la danse hip-hop qu’ils l’expriment. Le récit s’enclenche par une expropriation. L’ancien bâtiment du patronage local qui hébergeait l’association de danse hip-hop est soumis à la destruction. Pourtant, la municipalité parle de réhabilitation, mais c’est pour mieux cacher le mot démolition.

La ville n’est plus qu’une succession de palissades, de pelleteuses, de séries de plots couleur orange délimitant les travaux, de chaînes interdisant l’accès, bordée par une forêt de grues et de pylônes électriques, délimitée par des panneaux de déviation et des files d’embouteillages. Et dans ce chantier permanent, le tissu associatif tente de survivre au milieu des cartons, en transit incessant et sur le qui-vive continu, sans un point fixe. Les lieux de vie sont précaires : certains se retrouvent dans un kebab en fin de bail, d’autres logent dans leur voiture.

En bruit de fond, résonne le babil technocrate de l’urbanisme. L’association hip-hop retourne à la street, suite à l’évacuation des lieux et à la confiscation du lino de danse, ultime priva(tisa)tion ordonnée par la mairie. Alors que faire ? Se résoudre et abandonner  ? Tenter de rentrer dans le système et essayer de le faire plier de l’intérieur au risque d’y perdre ses valeurs ? Lutter et affronter le mastodonte de béton ? Toutes ces questions vont malmener la troupe et provoquer des scissions dans les familles et dans les couples.

Avant tout, on ressent beaucoup de sincérité dans le propos de la bande dessinée de Chloé Wary. Son trait à la fois dynamique, énergique et rond, agrémentée de couleurs aux feutres, est fabuleux pour illustrer les battles de hip-hop. Sans délai, foncez découvrir ce récit de résistance urbaine par la danse.


Références

Rosigny Zoo – Chloé Wary
publié par FLBLB


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