Dai Dark – Q Hayashida

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Au même titre qu’il existe des mangas feel good suscitant la joie auprès de leurs lecteurs, on peut alors admettre l’existence de mangas feel weird. Dai Dark est immanquablement une série qui appartient à ce second registre. Mêlant science fiction et dark fantasy, ce manga – au graphisme sombre et crasseux – est une espèce d’ovni, foutraque et assez glauque, où l’on retrouve la patte de son autrice et de son style si particulier alliant violence, absurde et grotesque. Dai Dark raconte les aventures de jeune personnage dénommé Zaha Sanko, naviguant dans l’espace intersidéral. Affublé d’un sakadoh des ténèbres (une sorte d’équipement-armure multiservices et androïde doté d’une conscience et d’une personnalité), Zaha Sanko est également pourvu d’un étrange pouvoir dont il ne connait pas l’origine : ses os pourraient exaucer n’importe quel voeu.

Que d’os, que d’os.

Dans Dai Dark, il est très souvent question de chair, d’os, de tendons, de squelettes, de putréfaction, de viscères, de corps décharnés au fil des pages, car on s’y étripe et on s’y fracasse assez facilement. Sans un réel enjeu narratif durant les deux premiers volumes (pas de quête à mener, pas de célébrités à sauver, si ce n’est qu’un vague souhait d’en apprendre un peu plus sur ces os magiques), les personnages semblent se laisser porter au gré des trous noirs dans le vide du cosmos. Il y a bien une méga corporation appelée Photoforce qui tente de truster l’univers, mais Zaha Sanko et sa clique naviguent au milieu de ce chaos au gré de leurs envies.

Q Hayashida est également l’autrice du manga en 23 volumes Dorohedoro, qui se caractérisait par son dessin crado et son univers post-apocalyptique délirant. Avec Dai Dark, tout est dans la sur-enchère : plus de macabre, plus de sombre, plus de dépotoirs, plus de gore, plus de trash… C’est du grand-guignol permanent et le titre ne se prend pas vraiment au sérieux, notamment dans les passages où les personnages sont totalement en roue libre.

Scénaristiquement, c’est du grand n’importe quoi et graphiquement, du WTF lugubre, et c’est pour ça qu’on en redemande. Evidemment, c’est boursouflé (voire tuméfié) et certains personnages sont assez hérissants, avec leur comportement puéril…. mais on ne sait jamais vraiment où Q Hayashida va nous emmener. Il y a un plaisir jubilatoire et franchement régressif à suivre ce manga.

A partir du troisième volume, une amorce d’intrigue se met en place, mais l’attente aura peut-être exaspéré les moins endurcis (ou ceux qui avaient l’estomac moins bien accroché). La série est en cours de publication et un sixième volume devrait paraître en France courant novembre 2023.


Références

Dai Dark – Q Hayashida
publié par Soleil Manga


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