Fin des années 80, Marcus Lopez est un jeune adolescent SDF issu d’une famille nicaraguayenne. Il tente de survivre dans les rues malfamées de San Francisco. A bout de force, le désespoir l’engloutit petit à petit. Rongé par la tristesse de la perte de ses parents et de sa terrible condition précaire, il envisage de commettre l’irréparable en mettant fin à ses jours… In extremis, il est sauvé par Saya, une jeune fille au look gothique qui va lui ouvrir les portes d’une école assez particulière, puisqu’on y forme, en tout clandestinité, des jeunes assassins à devenir les meilleurs.

De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts

Avec Deadly Class, on suit donc Marcus Lopez devenu un jeune assassin en formation avec ses camarades de promotion. Seulement, l’apprentissage ne sera pas de tout repos car les apprenants ont tous les dents longues. Les amitiés sont difficiles à construire mais plus faciles à trahir. Dans les couloirs de classe, on se poignarde au sens propre comme au figuré. Les élèves sont sans cesse en compétition les uns les autres, soumis à des guerres de clan et d’égo. Aucune bienveillance n’est à attendre des enseignants qui manipulent leurs étudiants et mettent le feu aux poudres en permanence.

Clairement, et vu le thème principal de la série, on est dans une bande dessinée d’action. Ça se castagne, ça se fracasse, ça complote, ça se trahit au fil des pages. C’est assez rentre-dedans : on y meurt violemment par balle, à l’arme blanche, à la hache, par empoissonnement, par le feu, de façon assez terrible la plupart du temps. On reproche régulièrement à Rick Remender un certain penchant à s’étaler dans des passages introspectifs, parfois un peu plombant, mais il faut bien contrebalancer et apaiser le récit après toutes les tueries mises en scène. Indeniablement, sa qualité de scénariste lui permet de maintenir l’attention du lecteur car le nombre de tomes de la version française est conséquent (douzes volumes, certes assez courts, mais douze quand même). Evidement sur 56 épisodes, il y a quelques passages à vide et des ficelles de rebondissement parfois discutables (l’adversaire juré de Markus qui ne cesse d’être apparemment mort et qui resurgit au dernier moment) mais il y a un côté assez jubilatoire à tout ça.

Wes Craig, le dessinateur de la totalité des épisodes, ne faiblit jamais. Son trait est énergique et il chorégraphie les bastons avec beaucoup de dynamisme et de clarté. Certaines planches sont héroïques dans leur mise en page. J’ai parfois pensé au travail de David Mazzucchelli et de Frank Miller (notamment avec Batman) dans certaines approches du découpage.

Rick Remender place son récit dans la période de la fin des années 80 et début 90, ce qui lui permet d’évoquer en filigrane sa passion pour la musique de l’époque. Par contre, cela donne quelques personnages un peu caricatural (un mod, un grunge, un rappeur hip-hop, un punk, un rock-skatteur, quelques gothiques…) lorsque ceux-ci évoquent et s’écharpent autour de leurs chapelles musicales.

Même si cette série n’est pas dénuée de défauts (on peut ajouter les passages scatologiques un peu lourdingues), les auteurs ont su développer un univers hyper-violent mais néanmoins cohérent au dynamisme ébouriffant. Ça se lit comme un poussée d’acnée !


Références

Deadly Class – Rick Remender et Wes Craig
publié par Urban Comics


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