Faut faire le million” est le mantra prononcé par Gilles en grattant les tickets de loterie, comme un ultime espoir pour dépasser sa condition de déclassé et pour échapper au monde tel qu’il est. Gilles, c’est le personnage d’autofiction de l’auteur. Depuis peu, il arpente à pied le quartier, très souvent seul, pour s’extirper et tenter de semer la dépression qui le guette, mais elle le talonne et ne le lâche pas d’une semelle.

Faut faire le million

J’ai poussé de travers et pas bien haut.

En route, Gilles croise ses amis, ses voisins et leur exprime maladroitement la rage froide et la colère sourde qui l’envahissent. La mort très sordide de son ami David (retrouvé dans une poubelle) est le malheur de trop, à l’aube de cette cinquantaine qui le questionne.

Après Temps mort, Ta mère la pute puis Petite couronne, Gilles Rochier cartographie la cité où il vit depuis son enfance, dans un quatrième récit encore plus âpre. Les désillusions sont quotidiennes, mais les personnages manient humour et ironie en guise de carapace.

Faut faire le million

Les dialogues des personnages sont toujours justes et les réparties fusent à toute vitesse, même si leurs constats sont souvent amères. Gilles Rochier réussit à vous embarquer en tant que membre de la bande et on se retrouve à partager des discussions enflammées, des instants simples, des moments de vie et de galère. C’est touchant et très loin de toute caricature.

Faut faire le million

Foncez découvrir cette bande dessinée si elle vous est encore inconnue, c’est juste, c’est punk et humain à la fois.


Références

Faut faire le million – Gilles Rochier
publié par 6 pieds sous terre


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